Jess Atieno poursuit une pratique informée par des enquêtes sur le lieu, la maison et la dépossession à travers le prisme du post colonial. Dans ce cadre, elle invoque et explore le portrait historique et l'iconographie contemporaine liée à l'identité afin de comprendre les ressorts des archives photographiques coloniales.


Suivant cette inspiration, Atieno voyage dans le temps à travers les vestiges matériels de l'histoire : photographies, cartes et documents historiques, qu'elle utilise dans des sérigraphies et des tapisseries. En utilisant le collage et la fragmentation comme outils narratifs, elle s'efforce d'occuper l'espace au-delà du champ visuel de la photographie. Elle propose ainsi de nouvelles lectures poétiques qui ouvrent un espace obsédant avec des narrations inédites, indépendantes des archives.

L’intérêt qu’elle porte à ses mediums de prédilection, la sérigraphie et le tissage repose sur l’usage de la photographie dont la matérialisation est augmentée et remédiée par la demi-teinte et le code binaire que l’artiste conçoit comme de nouveaux langages. Elle s'appuie constamment sur ces processus et ces gestes pour compliquer et déstabiliser l'image afin de la reconstruire dans un nouveau registre. Ces techniques s'entrecroisent avec une collaboration haptique entre son corps et la physicalité de l'écran de soie et du métier à tisser dans un engagement corporel multisensoriel pour appréhender et reproduire l'image.

Au carrefour des temporalités, de l'histoire et de la matière, Atieno questionne l'influence des archives photographiques des passés coloniaux sur notre présent. En revisitant et en s'appropriant ces images dans son travail, Atieno développe un nouveau langage, au service d'une stratégie alternative de représentation au sein du postcolonial.​