Espace à louer: Virginia Ryan

4 Mai - 26 Juin 2014 ABIDJAN

L’Espace à louer est un lieu disponible dont on prend possession, où l’on évolue et dans lequel les récits peuvent s’écrire et se lire.

 

En découvrant ces grands formats flottants dans l’espace de la galerie, le regard se perd un peu et pourtant on reconnaît en s’avançant des figures célèbres, des images déjà vues, des icônes du cinéma, les stars du grand écran. Ces œuvres ne sont pas des peintures ordinaires, elles ont pour support-sujet et matière des affiches de films des années 60 à 90 d’une salle de cinéma Bassamoise qui n’existe plus aujourd’hui.

 

La technique employée, de collage sur carton, de peinture à l’acrylique en fond et en recouvrement, d’encres versées, de visages lacérés, de textes cachés, remaniés, ouvre à un champ de réalités nouvelles et d’histoires réinventées. Virginia Ryan joue la transparence pour mieux laisser entrevoir les strates, comme le passage d’histoires sur d’autres. L’histoire sans fin est une série où la nouvelle fiction s’est emparée de l’originale pour nous surprendre.

 

Des lignes comme des vagues se dessinent le long des murs, entourant cette installation-mémoire, des dizaines de tableaux nous plongent dans le paysage urbain quotidien abidjanais. À travers des icônes anonymes en 4×3, prêtant leur visage aux grandes marques, aux distributeurs, aux vendeurs de rêves.

 

Avec la série Selling Dreams, Virginia Ryan nous raconte encore une histoire à partir de sa collection de panneaux publicitaires immortalisés dans ses photographies et réinterprétées soigneusement, directement au pinceau. L’effet visuel, oscillant entre la peinture hyperréaliste et la photographie créé une distance subtile. En posant un regard critique mais délicat sur un phénomène grandissant, elle nous interroge sur l’identité et la mémoire, celle qui demeure et celle qui se construit maintenant. C’est l’histoire moderne de nos désirs, des fantasmes d’une génération aux codes sans frontières confrontée à la réalité de la rue.

 

Préserver, sauver, amasser des vestiges, des bouts d’histoires pour leur redonner une autre vie, dans une autre version. C’est avec toute cette matière, universelle, transculturelle, métissée, soutenu par une attention et une construction plastique rigoureuse, que Virginia Ryan sait valoriser les images d’une culture mondialisée. A nous, spectateurs, de nous laisser porter par notre époque, celle qui nous va le mieux.