Mémoires contemporaines d'un continent: Sadikou Oukpedjo - PARIS

11 Mai - 18 Juin 2022 Paris

La Galerie Cécile Fakhoury - Paris est heureuse de présenter la nouvelle exposition personnelle de Sadikou Oukpedjo, Mémoires contemporaines d’un continent, au 29 avenue Matignon, 75008, du jeudi 12 mai au samedi 18 juin 2022. 

 

Au croisement d’un regard contemporain et d’un geste ancestral, les œuvres de Sadikou Oukpedjo semblent habitées d’une puissance magique. L’artiste propose une série de peintures sur toiles et sur papier, certaines utilisant une technique inédite de mélange de pigments et d’encaustiques. Proches parfois de l’expérience chimique ou d’une concoction rituelle, les œuvres sculpturales de l’artiste arborent des couleurs subtiles, plus ou moins profondes ou éthérées, qui à l’image du paradoxe apparent suggéré par le titre, s’inscrivent au-delà de contingences terrestres, au croisement du passé et du contemporain.  

 

Certaines œuvres semblent nous avoir été révélées d’un temps immémorial, comme excavées d’un lieu préservé par le passage du temps. Les doux colosses qui habitent les peintures de Sadikou Oukpedjo sont montrés tantôt dans des postures introspectives, en retrait de l’agitation du monde, tantôt dans des scènes de luttes ou de confrontation. Les œuvres de Sadikou Oukpedjo nous emportent dans un ailleurs temporel et matériel, leur support quasi-minéral nous faisant entrer dans le champ de la sculpture et accéder à un imaginaire de peintures rupestres millénaires.     

 

D’autres œuvres affichent en revanche des couleurs franches et comportent des symboles qui ne laissent pas de doute sur les temps modernes dont Sadikou dresse ici un constat critique : un continent africain sous emprise d’intérêts étrangers, dépossédé de ses richesses et de ses pouvoirs, comme aveugle à cette domination, impuissant.  Et au-delà de cela, une critique intransigeante des bassesses humaines, de la répétition du même et de ceux qui se jouent de la détresse d’autrui à leur guise.

 

Témoin éveillé de son époque, Sadikou Oukpedjo a recours à l’ironie pour déplorer ce qu’il identifie comme étant le mal premier qui touche aujourd’hui le continent africain : la servitude volontaire à différents pouvoirs, religieux, économiques ou politiques. Un homme croyant pêcher se retrouve lui-même être le poisson au bout du fil quand un autre s’abandonne sans réticence aux bras d’une morphée illusoire et que la pomme, pauvre fruit accablé de tous nos maux, se révèle n’être qu’une chimère.  

 

L’artiste est un alchimiste, qui parvient à obtenir de mystérieuses et magiques transformations, bouleversant ainsi l’ordre établi non seulement des matières mais aussi par-là de nos croyances et de nos idoles. Se gardant bien de faire de la vérité moralisante un fétiche de plus, Sadikou Oukpedjo esquive les catégories établies d’avance et nous propose plutôt une confrontation puissante aux formes et à la couleur comme manière de vivre ce déplacement intérieur, cette reconfiguration de notre architecture intime propre à l’art.

 

Ses figures thérianthropes, mi-humaines mi-animales, s’inscrivent dans une longue série de mythes et de croyances, allant des divinités égyptiennes aux rites chamaniques. D’une manière qui n’est pas sans évoquer les mythologies grecques ou africaines, les œuvres de Sadikou Oukpedjo présentent des héros et leurs épopées, créatures parfois fantastiques, intermédiaires entre les dieux et les hommes, comme un système imagé d’explication de nos sociétés et de l’origine de nos cités. 

 

La subtilité esthétique des peintures de Sadikou Oukpedjo, artiste prophète, suggère néanmoins la finesse des idées qu’elles convoquent. La critique acerbe n’est jamais dénuée de tendresse, et la justesse du regard de l’artiste est faite d’autant de tristesse que d’espoir. Si la lutte des hommes entre eux et en eux n’est souvent pas belle à voir, il est arrivé aux dieux de déjouer leur destin. La parole de l’oracle a toujours plusieurs sens, qui s’expriment ici plastiquement dans la beauté des antagonismes, ouverts ou intimes, racontés par Sadikou Oukpedjo au travers de ses œuvres.