Le poisson vient avec la pluie @ Fundación Casa Wabi, Mexique : Rachel Marsil

Fundación Casa Wabi, C. Sabino 336, Atlampa, Cuauhtémoc 06450 Ciudad de México, CDMX, Mexique 12 Juillet - 27 Septembre 2025 
Fundación Casa Wabi, C. Sabino 336, Atlampa, Cuauhtémoc 06450 Ciudad de México, CDMX, Mexique Du mardi au dimanche, de 10h00 à 17h00 https://casawabi.org/en/exhibitions/le-poisson-vient-avec-la-pluie-fish-come-with-the-rain/
La Galerie Cécile Fakhoury est heureuse d’annoncer Le poisson vient avec la pluie, une exposition personnelle de l’artiste Rachel Marsil, présentée à la Fundación Casa Wabi, au Mexique, du 12 juillet au 27 septembre 2025.
 

 « La proposition initiale de Rachel Marsil pour cette exposition à la Casa Wabi s’intitulait J'entends l'orage. Inspirée par les images de la saison des pluies à Dakar, au Sénégal, l’artiste souhaitait évoquer l'épreuve de la tempête : la recherche d'un refuge auprès des siens, l'attente que « les beaux jours reviennent ». La pluie est un phénomène universel que nous expérimentons peu importe notre lieu de vie. Mais ces orages qui surviennent, chaque après-midi, comme une mécanique bien huilée, qui noircissent le ciel en quelques secondes, déversent une quantité d’eau inimaginable en quelques minutes puis disparaissent comme par enchantement, ne laissant derrière eux qu’une humidité écrasante et l’odeur de la terre et du ciment mouillés sous un soleil de plomb, sont propres aux tropiques. L’occasion, à travers la perception d’une culture environnementale transnationale, de relier le Mexique à d’autres parties du monde qui ne font pas partie de l’imaginaire local habituel, était donc irrésistiblement « Wabi ».

Alors que Marsil réfléchissait aux tropiques comme à une communauté globale pouvant être activée par une expérience empirique commune, elle s’est intéressée à des vécus spécifiques de la pluie : comment la pluie torrentielle favorise l’intimité et la communauté en nous forçant à nous abriter ensemble ; comment le rythme de la vie dans cette bande équatoriale est reformaté par les averses quotidiennes. En y pensant, elle s’est prise d’affection pour les notions de cocon et de renouveau, qui tissent ensemble notre expérience de l’environnement et du quotidien. Se rappelant une phrase entendue de la bouche d’une serveuse lors d’une résidence à Ouagadougou, au Burkina Faso, et comme toujours nourrie par des photos de famille, Marsil a entamé une nouvelle série de peintures, et J’entends l’orage est devenu Le poisson vient avec la pluie, une approche plus symbolique et elliptique de ses racines. Durant la saison des pluies, lui a-t-on dit, on dit que des poissons tombent du ciel. Mais là-bas — contrairement aux expressions anglaises « raining cats and dogs », espagnoles « lloviendo a cántaros (pleuvoir des seaux) », ou françaises « il pleut des cordes » — ce n’est pas une simple figure de style. Enfin si, mais c’est une métaphore d’une réalité biologique.

Dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest marquées par de fortes saisons sèches et pluvieuses, le dipneuste (protopterus annectens), un grand poisson semblable à une anguille, apparaît avec les premières grosses pluies d’été sur des terrains normalement secs, comme s’il était tombé du ciel. En réalité, c’est un extraordinaire hibernant qui survit à la saison sèche en s’enfouissant sous terre. Lorsque les rivières, ruisseaux, étangs et lacs s’assèchent à la fin de l’automne, le dipneuste s’enfonce profondément dans la boue, se replie sur lui-même, sécrète un mucus qui durcit et forme une sorte de cocon hermétique, et attend le retour des pluies. Lorsque suffisamment d’eau tombe, il effectue un acte magique : il émerge adulte de la terre. Et lorsque les eaux s’accumulent à nouveau pour former des lacs et des rivières, il reprend sa vie normale de poisson d’eau douce : il nage, se nourrit, se reproduit.

Son adaptabilité et sa résilience semblent dignes d’attention dans le climat que nous avons créé. Au Brésil, on dit : Quem não se molha, não atravessa a chuva — ce qui signifie à peu près : « On ne traverse pas la pluie sans se mouiller. » »

 

— Dakin Hart,
Commissaire d’exposition