Steve Bandoma, Amani Bodo, Pierre Bodo, J-P Mika, Kura Shomali, Monsengo Shula, Pathy Tshindele
Rassemblées le temps d’une exposition, ces œuvres d’artistes contemporains vivant à Kinshasa nous envoient l’image d’une création congolaise active et polymorphe. Des univers entiers contenus dans ces toiles, émergent formes et figures qui illustrent la vie kinoise réelle ou fantasmée.
Dès les années 70, les peintres du Congo se sont fait connaître pour leur ‘’peinture populaire’’ et leurs accrochages improvisés sur les trottoirs de la ville.
L’art est dans la rue et de nombreux artistes s’inspirent de l’effervescence urbaine, notamment Pierre Bodo qui met en scène les codes et l’exubérance de la S.A.P.E. (Société des Ambianceurs et Personnalités Elégantes) dans ses galeries de portraits
Kura Shomali ravive des visages et des postures saisies au coin des rues et les transforme. La mégapole et ses composantes nourrissent son travail et ses protagonistes prennent une forme hybride : personnages d’un bourdonnant far-west aux têtes de planète, poupée d’ébène à la coiffe démesurément grande. Ses dessins révèlent les différentes facettes d’un monde en mutation, ils sont réalisés dans une profusion de matériaux : peinture acrylique, aquarelle, fusain, paillettes, encres…
Si le Congo a connu et connaît encore de nombreux conflits, ses artistes n’ont cessé de produire des œuvres riches et engagées, offrant des visions modernes et futuristes de la ville, puisant dans un imaginaire sans frontières. Alors que les peintures de Pathy Tschindele représentent des humanoïdes aux prises avec une technologie étrange et organique, le peintre Monsengo Shula utilise les images et les attitudes d’une époque moderne, joyeuse et pétillante pour illustrer des préoccupations contemporaines, et le jeune Amani Bodo mélange l’homme, la ville et le monde dans une représentation mutante et cosmique.
Présentant les trois âges de Mandela dans des cercles concentriques, le peintre J-P Mika complète ce panorama créatif qui associe des références populaires et une grande liberté vis à vis du temps et de l’espace.
Les dessins de Steve Bandoma, issus des séries Lost Tribe, Vanity et New Order, rappellent que si ‘’Kin-la-belle’’ se prête au jeu joyeux de l’exubérance, elle revêt aussi d’autres aspects. Des membres assemblés dessinent d’inquiétants fétiches et ses collages recomposent des visages perdus. Ces masques et statuettes morcelés-recomposés nous relient à une pratique rituelle, à une société d’initiés et au monde du sacré.
La peinture tient une place particulièrement importante dans la nouvelle génération des artistes kinois, ils ont grandi en regardant les œuvres des peintres « populaires » (Samba, Moké, Bodo, Chéri Chérin, etc) qui ont connu un large succès à Kinshasa et à l’international. Ces jeunes artistes leur rendent un bel hommage tout en traçant leurs propres voies, assumant pleinement la part d’individualité que chacun introduit dans sa pratique.
Composant une jeune scène entrainante et dynamique, les artistes congolais occupent une place importante sur la scène artistique mondiale. Ils ouvrent une fenêtre sur leur réalité quotidienne tout en faisant preuve d’une conscience globale, universelle dans un contexte de mondialisation. Ces travaux récents nous livrent un témoignage multiple de la vie à Kinshasa, ville terriblement vivante, grondante et qui comme Abidjan compte de nombreux artistes à découvrir.