13, avenue du Président Wilson 75116 Paris
https://palaisdetokyo.com/exposition/letre-lautre-et-lentre/
L’œuvre de Marie-Claire Messouma Manlanbien est nourrie par les différentes cultures qui composent son identité. D’origine guadeloupéenne et ivoirienne, l’artiste s’initie aux activités manuelles dans l’enfance, auprès de sa mère et de sa grand-mère. Après avoir vécu en Côte d’Ivoire jusqu’à la guerre civile en 2004, elle revient en France. Plus tard, elle travaille en s’inspirant des traditions culturelles des sociétés matriarcales akan du Ghana et de Côte d’Ivoire ainsi que de sa culture créole. Chacune de ses œuvres combine de façon syncrétique des éléments en provenance de ces différents univers, dont elle explore les symboles en interrogeant les espaces et les expressions de la féminité, autant que le rapport aux traditions artisanales au sein d’une société modernisée par son industrialisation.
Au travers d’installations mêlant textiles et sculptures, faites de « rencontres entre des matériaux industriels comme l’aluminium, le cuivre et le laiton avec des matériaux naturels comme la fibre de rafia, la corde, la sève d’arbre et les coquillages » selon ses mots, l’artiste produit des écosystèmes où les matériaux entrent en relation et cohabitent. Elle élabore ainsi des paysages, des « Maps » [Cartes] dialoguant avec les pratiques de la cartographie, autant que des « vêtures » ainsi qu’elle les appelle et des objets du quotidien. Dans une forme poétique entrelaçant les mots et les matériaux, mêlant le texte et le textile, ses œuvres questionnent les rapports que l’être humain entretient avec son environnement et l’ensemble du vivant.
Le projet pour le Palais de Tokyo propose une série d’œuvres récentes ou inédites, en écho avec un grand rideau de scène conçu par Marie-Claire Messouma Manlanbien pour la salle de spectacle du Beffroi à Montrouge et exceptionnellement délocalisé le temps de l’exposition. Le recours à une pièce déjà existante est un geste récurrent du processus de création de l’artiste, qui fait dialoguer ses œuvres au sein d’un système de déclinaisons où les formes se reprennent, se renouvellent et se multiplient dans une exploration infinie. Ainsi réactivé, l’immense artefact conçu pour le spectacle vivant déploie une scène nouvelle, articulée à l’architecture du centre d’art et œuvrant comme un geste d’accueil pour ses visiteurs. Au cours de performances, le plus souvent solitaires mais parfois collectives, Marie-Claire Messouma Manlanbien propose d’investir le lieu par des lectures de ses poèmes et des rituels. Dans ces moments de partage narratif avec le public, les textiles qu’elle fabrique sont redéployés et les « vêtures » portées pour incarner des personnages. L’espace devient le lieu d’une narration vivante, où l’artiste, contant des poèmes telle une griotte, engage son corps et sa voix.