Marie-Claire Messouma Manlanbien

Marie-Claire Messouma est une créatrice de liens, entre les cultures, les pays, les générations, les matières aussi, mêlant dans ses œuvres le naturel et l’industriel, le précieux et le commun, sublimant ainsi l’ordinaire. Le statut des œuvres de l’artiste est pluriel, tantôt cartographies ou totems protecteurs, elles semblent aussi prendre les atours de reliques sacrées, abritant de la matière organique, du crin de cheval ou des mèches de cheveux, certaines étant disposées de manière à évoquer des cils, et donc un regard, une présence.

 

Les Map de Marie-Claire Messouma sont des symboles, au sens propre du terme, de représentation de ce qui ne peut être vu. Si l’objet qu’elles incarnent est fluide, la présence du corps habite ces œuvres, au-delà de toute figuration. La matérialité du raphia, la présence des cheveux, la surface mate des têtes en argile, le brillant de l’aluminium, tout en appelle aux sens, au désir de toucher, de déchiffrer l’œuvre, de découvrir ses sens cachés.

 

Au milieu de l’une de ses Map, l’œuvre Map #91, se trouve par exemple un poème, écrit dans un cercle, sans début ni fin, et le dessin d’un symbole akan, un double crocodile, à deux têtes, deux queues, mais avec un seul corps. Ce symbole traduit le proverbe ashanti (Ghana) : « Nous avons plusieurs gueules mais nous n’avons qu’un seul ventre ». Il signifie l’unité de la famille, du groupe ou du clan, au-delà des intérêts de chacun. Car c’est bien d’unité cosmique dont parlent les œuvres de Marie-Claire Messouma Manlanbien, qui écrit, comme une incantation : « Je me lie aux cieux. Je me lie aux mers. Je me lie aux terres. [...] Je suis eaux. Moi Femme. Homme. Que j’aime qui s’accorde aux Astres de toute la masse charnelle de son corps divers. ».

 

Entre sophistication et simplicité, les œuvres de Marie-Claire Messouma Manlanbien déploient leurs sens et nous invitent au jeu de la marelle, en souvenir de notre enfance, assemblant petit à petit le chemin qui nous permettra depuis la terre de rejoindre ensemble le ciel. « Embrasse la vie. Laisse-toi éclore. [...] Danse ! »