Carte Blanche à Lauranne Germond
Pour mettre en valeur la richesse de sa Collection, Société Générale demande à des commissaires d’y apposer leur touche et leurs préoccupations : cette fois-ci, c’est à Lauranne Germond, co-fondatrice et directrice de l’association COAL, qu’a été confiée cette mission. Tout au long de sa carrière, elle a exploré les intersections entre écologie et arts visuels, et, par l’intermédiaire de COAL, nourri activement la réflexion autour de questions environnementales et sociétales, œuvrant pour l’émergence d’une nouvelle culture de l’écologie et du vivant. C’est donc tout naturellement que sa curation met l’accent sur la façon dans les artistes s’emparent des thématiques environnementales comme de leur environnement lui-même : enplus de soixante œuvres provenant majoritairement de la Collection ainsi quequelques emprunts, ce sont tout autant de visions du monde qui sont suggérées.
Une sélection foisonnante
« Les artistes sont des relais de sensibilité à l'environnement, aux paysages, à la richesse du vivant », explique Lauranne Germond : la sélection, de par la variété des époques, des cultures et formes évoquées, épouse la richesse et la diversité de la nature. D’ancestrales sculptures indonésiennes aux très récents photogrammes d’Alžběta Wolfová, des recyclages de Wilhelm Mundt ou Vik Muniz aux clichés délicats et contemplatifs de Nils Udo ou Thibaut Cuisset, des questionnements de Pascal Maitre à ceux d’Otobong Nkanga, les œuvres choisies dessinent une infinité de manières singulières de tisser sa relation à l’environnement, de se laisser éblouir par sa beauté mais aussi de prendre conscience de sa vulnérabilité, bref, d’appartenir à ce monde que nous avons en partage.
Le paradoxe de l’eau et du diamant
Le fil rouge de l’exposition est le paradoxe de l’eau et du diamant posé par l’économiste Adam Smith au XVIIIe siècle :malgré son utilité cruciale et donc sa très forte valeur d’usage, l’eau n’a pas de valeur, alors que le coûteux diamant, pourtant inutile, a une valeur d’échange très importante. « Que vaut la caresse du vent qui dissémine les graines à travers les plaines ? À combien estime-t-on un coucher de soleil ou l’éclat d’un chorus d’oiseaux au point du jour ? Qu’est-ce qui peut rivaliser avec la richesse glorieuse des forêts et la magistrale mécanique d’un bass inversant ? Les ressources de la nature ont une valeur, leurs destructions ont uncoût, mais pour autant, la nature a-t-elle un prix? » interroge LauranneGermond. Alors que les enjeux de la gestion des ressources, de la préservation des écosystèmes et de la conceptualisation de notre rapport à la nature n’ont jamais été aussi cruciaux, avec « L’eau et le diamant », l’art multiplie plus que jamais les liens et les pistes de réflexions.