A l’occasion de sa participation à la foire Investec Cape Town Art Fair, La Galerie Cécile Fakhoury a le plaisir de présenter une proposition inédite de l’artiste Carl-Edouard Keïta (né en 1992 à Abidjan en Côte d’Ivoire ; vit à New York aux États-Unis).
Pour sa première présentation personnelle en Afrique du Sud, Carl-Edouard Keïta explore la vie hors du commun de Malik Ambar (1548 – 1626), esclave d’origine éthiopienne né à Harar, arrivé en Inde dans la région du Deccan au fil des déplacements et des successions de ses maîtres ; affranchi à la mort du dernier, devenu chef de guerre puis Peschwa (premier ministre) du Sultanat d’Ahmadnagar, un royaume musulman du Moyen-Âge tardif indien.
L’intérêt de Carl-Edouard Keïta pour cette figure historique s’inscrit dans la continuité des recherches plastiques qu’il mène depuis quelques années. L’exploration de l’artiste tend à mettre en lumière, au sein de la riche histoire noire du monde, des modèles alternatifs de représentation qui défient les récits eschatologiques et eurocentrés attachés à la destinée (souvent funeste) de « l’âme noire ». Malik Ambar est l’une de ces figures.
A travers une série de dix tableaux, Carl-Edouard Keïta représente des moments de la vie du guerrier s’inspirant de récits biographiques, d’œuvres iconographiques le représentant conservées notamment au Victoria and Albert Museum de Londres, au Smithsonian Institute à Washington, au Louvre à Paris ou encore au Met à New York ; et de son imaginaire. Il articule un dialogue distant avec l’orientalisme qu’il revisite. Les œuvres, des techniques mixtes sur toile, mêlent peinture acrylique, pastel et crayons de couleur et sont marquées par la présence du dessin et d’une ligne cubiste typique de l’artiste.
Sur la toile, la multiplication des facettes construisent les sujets et offrent divers points de vues à considérer dans un même espace visuel. Chez Keita, la fragmentation plastique œuvre à la déconstruction puis au renouveau de la perception. Elle crée un espace imaginaire où le spectateur doit œuvrer à partir d’une perspective complexepour faire sens de l’histoire. Le fond sombre très souvent présent sert de décor aux visions de l’artiste qui se déploient sous nos yeux. La profondeur du sujet se révèle à mesure que le regard s’empare de la complexité du dessin. Si les scènes peuvent sembler statiques à première vue, la composition des formes, l’harmonie des couleurs et le jeu des textures orchestrées par l’artiste crée un dynamisme qui semble sur le point de se déployer en trois dimensions.
Le récit poétique et visuel de la vie de Malik Ambar que nous offre ici Carl-Edouard Keïta nous fait voyager dans le temps et l’espace. Il met en lumière la force de l’inspiration que peuvent susciter les expériences diasporiques noires lorsqu’elles sont considérées et racontées dans leur nuance et complexité. Carl-Edouard Keita nous offre ici un puissant rappel qui a toujours autant sens aujourd’hui.
