L'exposition collective féministe Sex Reenchanted présente huit artistes internationaux et leurs perspectives décoloniales sur la sexualité.
Comment la sensualité et le désir peuvent-ils émerger de l'ombre des histoires du colonialisme, de l'esclavage et des composantes misogynes de la médecine moderne ? Pour répondre à cette question, l'exposition s'appuie sur des récits et des formes d'art précapitalistes qui ont été en partie oubliés et en partie supprimés. Comment les féministes peuvent-elles s'approprier des pratiques et des formes de connaissance historiques, conformément à l'appel de Silvia Federici en faveur d'un « réenchantement du monde » ?
Dalila Dalléas Bouzar retrace le pouvoir émotionnel des peintures rupestres préhistoriques du sud du Sahara algérien ; Monia Ben Hamouda pratique la calligraphie islamique pour remettre en question le lien chrétien entre sexe et péché originel ; CANAN revisite le genre littéraire ottoman du bahname, qui se concentre sur le plaisir sexuel des femmes ; les œuvres de Şafak Şule Kemancı évoquent des jardins remplis du parfum enivrant de fleurs séduisantes.
La connaissance est une entité dynamique qui meurt et renaît constamment. La gestion du patrimoine culturel est un processus de renégociation constante. Dans l'exposition, cela se voit dans les œuvres à la fois étranges et invitantes de Zoe Williams, qui fait revivre sans inhibition l'érotisme de l'antiquité ; l'exploration de l'orientalisme par Anna Ehrenstein ; le démasquage de la masculinité historique par Daphne Ahlers, qui joue avec la culotte de cheval ; la puissante critique de la gynécologie occidentale par Tabita Rézaire, guidée par la sagesse incarnée de ses ancêtres noirs.
Curaté par Mehveş Ungan
