ART BASEL Unlimited: Roméo Mivekannin

19 - 22 Juin 2025 

La Galerie Barbara Thumm en collaboration avec la Galerie Cécile Fakhoury a le plaisir de présenter à l'occasion d'Art Basel Unlimited, qui se tiendra du 19 au 22 juin 2026,  le projet Atlas de l'artiste Roméo Mivekannin.

 
Atlas est un projet d’installations que développe Roméo Mivekannin depuis quelques années. S’intéressant à l’héritage de bâtiments célèbres en Europe et aux États-Unis, tels que le Grand Palais à Paris, le Crystal Palace de New York ou encore le musée de Tervuren à Bruxelles, Roméo Mivekannin procède au dépeçage méthodique de ces architectures pour ne garder que la structure primaire du bâtiment. L’artiste exhibe, flottant dans l’espace, les squelettes de métal forgé de ces constructions, bruts et sans apparat, dépossédés des emblèmes de luxe et de pouvoir qui les rendent pourtant si célèbres et en font aujourd’hui encore des lieux de tourisme prisés des grandes métropoles contemporaines. 
 
Roméo Mivekannin choisit spécifiquement ici des bâtiments dont l’architecture et l’histoire sont liées à la période de la colonisation, et qui ont été utilisés comme des lieux de monstrations de la puissance de l’idéologie et du pouvoir colonial de l’époque, présentant par exemple des zoos humains ou exhibant des objets et oeuvres spoliées au cours de campagnes coloniales. Les collections qui s’y sont constitués, dont certaines sont aujourd’hui réinterrogées, témoignent de la logique d’appropriation et de domination alors à l’oeuvre entre les pays colonisateurs et les pays colonisés.
 
Dans l’installation de Roméo Mivekannin, les architectures sont rendues à échelle réduite. Leur accrochage à diverses hauteurs pose un défi au regard qui doit appréhender ces silhouettes familières sous de nouvelles perspectives, comme pour désamorcer la confrontation frontale et les rapports de force associés aux bâtiments originaux. 
 
L’ombre projetée par leur aspect dentelé rajoute à la sensation de mauvaise augure et renvoie à l’ordre du fantômatique très présent dans les oeuvres de l’artiste, notamment dans ses peintures où son portrait hante les images de l’histoire. D’ailleurs, comme à son habitude, Roméo Mivekannin aborde son sujet avec une touche amère d’ironie. Les cages en fer, matière hautement symbolique et évocatrice de la domination, sont forgées en Côte d’Ivoire, inversant ainsi les rapports dans la fabrique de l’histoire.
 
L’objet du puissant devient ici l’instrument du colonisé. Enfin, la volière, objet décoratif des maisons bourgeoises du XIXème siècle dans lesquels leurs propriétaires s’évertuaient à faire vivre des espèces rares et exotiques, sont aujourd’hui encore utilisées en Afrique de l’Ouest par les « faiseurs de voeux ». En échange d’un peu d’argent, ceux-ci libèrent un oiseau qui portera la réalisation de votre voeux. Mais savamment dressés, les oiseaux libérés retournent toujours à leurs cages…
L’installation opère ainsi comme une méditation poétique et sombre sur les rouages d’un système de domination séculaire.