François-Xavier Gbré participe aux Rencontres Picha – Biennale de Lubumashi du 2 au 6 octobre 2013. Il présente deux photographies du monument des martyrs à l’École des Beaux-Arts de Lubumbashi.
" Abidjan est une ville convulsive au passé fragile, ville de la trace et de son effacement, en butte à des querelles mémorielles qu’illustrent ses incertitudes toponymiques et ses mouvements iconoclastes jusqu’à l’autodafé. La guerre civile qui a suivi les élections présidentielles de 2010 a amplifié cette tendance avec le pillage en règle du musée des Civilisations de Côte-d’Ivoire, la destruction de la quasi-totalité de la statuaire publique, la profanation du monument des Martyrs. Ce groupe sculpté en bronze, éclairé par un ensemble de projecteurs, mais amputé et décapité renvoyait à l’emblème national. Il commémorait le martyrologue de citoyens descendus dans les rues de la capitale économique pour revendiquer le respect des urnes. Une révolution d’Octobre. Son esthétique, à mi-chemin de l’abstrait et du figuratif, proche des canons du réalisme socialiste et symbolisant le corps mutilé de la nation, a fait l’objet de polémiques dans un contexte où la question de la relation de la représentation au croire est cruciale. Le photographe François- Xavier Gbré, préoccupé par le destin du patrimoine architectural et monumental, lui donne un prolongement au second degré : un diptyque ayant une fonction de document sur l’instabilité symbolique. Cette oeuvre se compose de deux images du monument, avant et après sa profanation (2004 et 2013), et questionne le rapport « barthésien » du signe plein au signifiant vide." Franck-Hermann Ekra dans son article ‘Abidjan-Chantiers’ pour Art Press N°402 juillet 2013