La Galerie Cécile Fakhoury a le plaisir de présenter l’exposition personnelle de Jess Atieno, Odyssey du 25 novembre 2023 au 27 avril 2024.
Pour sa première présentation personnelle au Sénégal, Jess Atieno a conçu son exposition comme une odyssée, un récit visuel de son voyage personnel au cœur d’archives photographiques.
Depuis plusieurs années, l’artiste explore à travers ses œuvres les notions de lieu, et de « chez soi » (« at home » en anglais), ces espaces physiques et psychiques que l’on conçoit comme faisant partie de notre identité. Les images d’archives d’époque, cartes postales, documents, et cartes géographiques qui apparaissent parfois en filigrane dans les œuvres mettent alors en lumière les procédés complexes de dépossession – des identités, des terres mais aussi des images – opérés pendant l’époque coloniale. En utilisant les techniques de fragmentation et de collage comme outils narratifs, Atieno s’efforce d’occuper l’espace au-delà du champ visuel de la photographie. Elle ouvre un espace obsédant avec des histoires inédites qui existe au-delà de l’archive. L’artiste propose ainsi de nouvelles lectures poétiques ; les titres des œuvres évoquent quant à eux un langage du souvenir fantomatique.
Les techniques utilisées par l’artiste dans cette exposition nous renvoient également à cette notion de prendre soin d’une matière immatérielle et sensible. Atieno aborde la photographie à travers le code binaire et le demi-ton qui la compose. Elle s’appuie sur ces processus et ces gestes pour compliquer et fragmenter les images et les reconstruire. Ces techniques s’entrecroisent dans une collaboration haptique entre son corps et la physicalité du métier à tisser et de l’écran de la sérigraphie. Pour elle, ce mode corporel d’appréhension de la photographie englobe le toucher, l’écoute et l’observation. Cette approche multi sensorielle prend pleinement part dans la production de l’image.
Au croisement de ces temporalités, Jess Atieno interroge ainsi l’influence des archives photographiques des passés coloniaux sur notre temps présent. En les revisitant et en les recomposant dans ses œuvres, l’artiste leur redonne une charge sémantique nouvelle au service d’une stratégie alternative de représentation au sein du postcolonial.
