Avant-propos
Le dialogue est au centre des problématiques du monde de l’art, comment faire dialoguer un lieu avec des œuvres, l’artiste avec son public, les collectionneurs avec les galeries, les musées etc… Lorsque deux lieux se rencontrent et se découvrent, ils échangent. GALLERIA CONTINUA est une galerie internationale, représentant des artistes du monde entier.
Basée en Italie à San Gimignano, en Chine à Beijing, en France aux Moulins, elle choisit des géographies initialement peu fréquentées du monde de l’art, des lieux inattendus qui lui permettent de s’ouvrir et de créer des dialogues multiples et singuliers. L’identité de la galerie est largement portée par la force de cet engagement en quête perpétuelle de nouvelles synergies. C’est dans cette dynamique que cette exposition a été rendue possible.
Au cours de discussions, de correspondances entre l’artiste, sa galerie et le lieu-accueil, l’exposition s’est construite naturellement, en accord avec l’identité de chacun prenant la forme d’un carnet de voyage commun.
Pascale Marthine Tayou, plasticien camerounais, investit l’espace de la galerie Cécile Fakhoury à Abidjan. Dans son installation in situ, il révèle son expérience ivoirienne.
D’emblée, l’exposition invite le public à l’émerveillement, face à la démesure, la profusion d’objets, la surprise visuelle. Puis, le regard s’arrête et l’on se prend à vouloir examiner chaque détail. Chaque œuvre amène le spectateur à y regarder de plus près, à tourner autour, à se rapprocher pour mieux percevoir les différentes pièces qui composent le tout.
On est appelé à pénétrer au cœur d’une forêt de cocotiers et à déambuler le long du parcours créé par les œuvres rassemblées : ses fameuses Poupées Pascale, les Classroom Walls, les Garden Houses, les installations-sculptures de calebasses aux teintes pastelles, les Néons Graffitis…
Tayou intègre dans cette exposition des œuvres présentées lors de grandes expositions internationales et des réalisations produites localement avec des artisans. Dans cet univers cosmopolite, miroir d’une génération afro-mondialisée, l’artiste travaille la matière, modèle l’espace avec l’intention de nous renvoyer à l’esprit de ‘‘La perle des lagunes’’.
Le processus de création commence dès l’invitation lancée à Pascale Marthine Tayou de venir en Côte d’Ivoire. De ce voyage il repart avec des anecdotes de quartier, des expressions, des morceaux de bois ramassés à Assinie, des bouts de tissus du marché d’Adjamé. Il a photographié, collecté la ‘‘matière-mémoire’’ qui témoigne de son passage ici. Il revendique une appartenance à ces lieux familiers traversés et pose les jalons de cette exposition composée d’histoires, de messages, de ‘’problématiques-objets’’.
Il explore le quotidien des gens et porte un regard de découvreur, il encense ce que l’on oublie, ce qui est laissé de côté, ce qu’on crame. Il utilise cette matière, la colorise, la vitalise et la valorise en dévoilant toute sa beauté et son sens. Avec cette installation, les perceptions sont renversées, les calebasses détournées, les fétiches attachés, les troncs bruts élèvent des poupées en cristal, son carnet de croquis devient une enseigne lumineuse. Sur cette plage, on ne se repose pas, on est actif, attiré à chaque coin, au centre on regarde plus haut, ce paysage recomposé n’est pas tranquille, il bouscule les esprits, ceux de la forêt, ceux bien pensants, ceux plus complaisants aussi.