La Galerie Cécile Fakhoury a le plaisir de vous présenter Babitopie (Entre-Deux) une exposition duo des artistes Jean Servais Somain et Ana Zulma.
« Entre les deux s’apprécie une voix,
Carillons et balafons tintent sans limite.
Là, où les vents en déroute
Déversent leurs scintillements.
La nuit se meurt.
Tout est répétition. »
Extrait du poème Je suis rentré(e), Ana Zulma
Pour leur deuxième collaboration, Jean Servais Somian et Ana Zulma rassemblent des personnages autour des contes de la vie. Des histoires parfois communes, parfois singulières se disent d’un côté s’écrivent de l’autre. Somian et Zulma nous entrainent dans une odyssée poétique menée par leur imagination intarissable : les deux artistes ancrent leur récit dans une nécessité à défricher le monde. Jean Servais Somian détourne la fonction des objets et les place à la frontière de deux univers, entre art et design ; Ana Zulma questionne des concepts au travers de narrations visuelles dont la portée s’étend au delà de la photographie vers une image vibrante en textures et volumes.
Des bassines de plastique deviennent des capsules migratoires et des passagers embarquent vers les étoiles. Unis dans un champ de paradoxes et créateurs de liens à l’intérieur des divergences, Jean Servais Somain et Ana Zulma nous soufflent l’art d’écouter l’indicible et magique entre deux.
Image : Ma princesse Bassamoise
Jean Servais Somian
Né en 1971 à Adiake, Côte d’Ivoire. Il vit et travaille à Abidjan, Côte d’Ivoire.
Jean Servais Somian commence son parcours de designer en suivant une formation au centre de menuiserie et d’ébénisterie Georges Ghandour à Abidjan, puis au centre artisanal de Grand-Bassam en Côte d’Ivoire. Il intègre par la suite l’agence de design et de conception Daniel Beck à Lausanne en Suisse.
Inspiré par de nombreuses années passées entre l’Afrique et l’Europe, Jean Servais Somian revendique dans son travail une approche riche d’influences, métissée et fluide. Il puise dans une culture ancestrale les formes de certains objets du quotidien africain qu’il réinterprète à travers des lignes épurées et des touches de couleurs et de matières devenues caractéristiques de son travail. Bassines, arbres totem, pirogues se muent sous le regard du designer en tabourets, bibliothèques et bancs dont le bois (cocotier, ébène, ou amazaque) achève de rendre hommage à la richesse des terres africaines qui les ont vu naître.
Tous les objets sont conçus et réalisés en Côte d’Ivoire où Jean Servais Somian a ouvert ses studios de design en 2018, l’un à Grand Bassam pour la sculpture des pièces, l’autre à Abidjan pour l’ébénisterie. Il privilégie le caractère singulier de chacune de ses créations et développe une réflexion esthétique à la croisée de l’art et du design. Chacun de ses objets produits en très petite quantité conserve sa dimension utilitaire et fonctionnelle première, tandis que le travail de conception plastique des pièces dresse des ponts visuels éloquents avec la sculpture contemporaine.
Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions en Afrique, en Europe, aux États-Unis et en Amérique latine. En 2019, il remporte le prix de la meilleure pièce de design lors de Beirut Design Art Fair, à Beirut au Liban.
Expositions (sélection) : Africa Africa, Palazzo Litta, Milan, Italie (2018) ; The Space Between, 50 Golborne, Londres, Royaume-Uni (2017) ; Dakar Martigny, Musée de Martigny, Suisse (2016) ; Now le OFF, Paris Design Week, Musée du Design et du Textile, Paris, France (2015) ; Festival Afrique dans tous les sens, Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, Paris, France (2011) ; Biennale Internationale du Design de Saint-Etienne, France (2002)
Ana Zulma
Née en 1978 à Lyon, France. Vit et travaille à Abidjan, Côte d’Ivoire.
Ana Zulma alias Anne-Laure Gougne est diplômée des Beaux-Arts de Lyon. Sa pratique artistique s’est développée autour d’une approche pluridisciplinaire qui donne corps à une œuvre protéiforme et évolutive.
Des premières années de sa carrière où Ana n’était encore que Zulma, double imaginaire, créature totalitaire et misanthrope, l’artiste conserve un intérêt profond pour les formes de narrations de soi et les récits du monde. Explorant alors le genre de la performance, le personnage de Zulma était prétexte à exorciser les maux enfouis en réinventant des façons de se dire et de dire son contexte à travers l’action du corps dans l’espace.
Zulma et Ana, deux antithèses qui se réunissent aujourd’hui dans l’avatar d’une artiste-conteuse. Ses récents travaux photographiques empruntent eux aussi au performatif dans leur réalisation. Chaque œuvre se construit en suivant une série de rituels. Ana Zulma se saisit des photographies — des siennes, de celles des autres — comme on se saisit d’un livre et les observe avec minutie à la recherche du punctum de l’image, ce point de la photographie qui cristallise le sens et marque pour elle le départ de son interprétation/réinterprétation plastique.
Ana Zulma gratte, perce, coud, peint, altérant la matière dans l’idée d’en faire jaillir de nouvelles lectures : magnifier l’imparfait, privilégier le hasard dans l’obsession de la perfection, et finalement tourner le souvenir vers l’avenir. Car la démarche de l’artiste souvent construite autour de séries qu’elle vient enrichir au fil du temps répond à son désir profond de réconciliation. L’artiste explore ainsi la réverberation des contraires, fait dialoguer le réel et son idéal, le visible et l’invisible puisant dans cet entre-deux, l’énergie créatrice de nouveaux imaginaires.
Expositions (sélection) : Vie de procelaine, Biennale de Lyon, Galerie Françoise Besson, Lyon, France (2019) ; Étrange Évidence, Hommage à l’artiste Jackie Kayser, Galerie Françoise Besson, Lyon, France (2018) ; La grande histoire, 1-54 Art Fair Marrakech, Maroc (2018) ; La grande histoire fragmentée, Villa Savoya, Abidjan, Côte d’Ivoire (2018) ; Photo de famille, OFF Rencontres de la Photographie, Bamako, Mali (2017) ; Babitopie, Galerie Louisimone Guirandou, Abidjan, Côte d’Ivoire (2016).