La Galerie Cécile Fakhoury a le plaisir de présenter la première exposition personnelle de Jess Atieno, Of Ghosthly Silences and Constant Yearnings.
"Chaque mouvement que nous ferons vers l’esthétique nous renverra inévitablement à un langage du fantomatique." [Any turn we make towards the aesthetics will inevitably return to a language of the ghostly[1]].Comme une rivière qui parcourt la galerie, ces mots font écho aux recherches de l'artiste sur le postcolonial au travers d’images historiques et de leurs manifestations contemporaines. Silhouettes, visages, foules mais aussi paysages deviennent le sujet des œuvres de Jess Atieno et prennent place dans l’exposition.
Dans ses œuvres, l’artiste fragmente les images dans un balancement sensible entre politique et poésie. Elle interroge l’image originale dans les rouages mêmes qui ont conduit à sa création : la violence et le regard colonial dans lequel les corps sont piégés, muets et passifs. L'œuvre de Jess Atieno offre à ces corps un espace pour se définir en leur propre terme. Sortis de leur contexte et décomposés par l’artiste, ils font acte de résistance et exigent d’être décryptés, ré-imaginés. La juxtaposition visuelle d’éléments crée une proxémie sensible et intuitive : le corps noir entremêlé à la terre représentée par la carte. La terre à laquelle on appartient ; la terre colonisée qui devient le corps colonisé. L’exposition est une enquête poignante sur les idées de lieu et d'appartenance.
Le processus de la sérigraphie est essentiel pour comprendre l'œuvre en ce qu’il nécessite une fragmentation des images pour les reconstruire. L'artiste imprime les images sur du tissu, puis intervient par couches successives de motifs et de couleurs, créant ainsi une nouvelle représentation offrant une nouvelle lecture de l’œuvre. La présence de la forme originale, telle un spectre habitant l’espace pictural demeure, se dressant du passé dans son nouveau décor de couleurs : elle devient une image rémanente. Alors, comme la tâche de soleil reste dans l’œil bien après que l’on ait détourné le regard, Jess Atieno instille dans nos esprits la présence envoûtante de ces êtres, nous invitant ainsi à explorer l’espace mouvant entre l’historique et l’esthétique, entre le factuel et le fantastique.
