La Galerie Cécile Fakhoury a le plaisir de présenter l’exposition personnelle de l’artiste ivoirien et américain Ouattara Watts : Ouattara Watts in Dakar. Pour cette troisième collaboration entre l’artiste et la galerie après l’exposition majeure Before Looking at this Work, Listen to It à Abidjan, Côte d’Ivoire en 2018 et le solo show à La FIAC à Paris en 2019, la Galerie Cécile Fakhoury est heureuse de présenter le travail de Ouattara Watts à Dakar au Sénégal.
Ouattara Watts in Dakar, une phrase-titre, comme un programme, qui porte en elle tout l’enthousiasme d’un artiste pour une ville. Le lien de Ouattara Watts à Dakar est un lien profond et sensible. Dans son curriculum, quelques dates sénégalaises jalonnent sa longue carrière internationale, et notamment deux années de Biennale de l’art contemporain africain - 2016 qui l’a tant attendu et 2018 qui l’a finalement consacré. L’histoire, cependant, va bien au-delà. Ouattara Watts in Dakar est la consécration d’une relation intime de l’artiste à cette ville de cœur et de culture qui l’inspire pour sa poésie et les grandes figures d’intellectuels qu’elle a vu naître et accueille encore ; pour ses musiciens, pour ses langues et pour son océan.
Les œuvres ont été conçues spécialement pour l’exposition, et tout en elles résonne avec Dakar ; à commencer par la palette des couleurs. Les roses orangés si caractéristiques de l’artiste sont bien présents et cohabitent ici de manière inédite avec des bleus profonds et de ciels subsahariens, des gris d’orage d’hivernage et des jaunes harmattan.
Le format des toiles aussi nous appelle à Dakar. Les grandes fresques monumentales de Watts, moments choisis d’infinies cosmogonies ou de souffles visuels des grandes plaines ivoiriennes laissent ici place à des formats plus condensés où le monde se joue sur quelques mètres carrés de toile à peine. À Dakar comme chez Watts, le trivial est toujours le voisin du sacré. Sur la toile, le collage d’images empruntées jouxte la peinture en aplat travaillé, étendue opaque qui laisse transparaître parfois la toile comme genèse de l’image et du monde (Travel in Space, 2022). Les expérimentations plastiques - trous noirs de matière grise étalée au doigt - prennent leur sens dans le dialogue avec l’équation mystérieuse au cœur de laquelle se trouve une statuette africaine ancienne ornée de pois d’or (Intercessor #1, 2022). L’idée d’une matrice s’impose, connectant ensemble et de manière dynamique deux mondes distincts.
Pour faire sens des œuvres de Watts, pour lire au-delà et après avoir contemplé de près, il faut prendre du recul, appréhender l’ensemble, l’équilibre des forces dans les toiles, les pleins,les vides - leur rythme si particulier, syncopes jazz et afro-beat chéris par l’artiste, outil jubilatoire de la peinture au même titre que le pinceau. Cauris, cola, colonne Dogon, suite de Fibonaldi, logogramme, Pi et Bozon répétés encore et encore comme une formule incantatoire à déchiffrer. Se retrouvent alors assemblés les langages de Ouattara Watts, ces séries de symboles cryptiques qui ont suivi l’artiste toute sa carrière ; à moins peut-être que ce ne soit lui qui les suivent dans une quête libératrice à la recherche des liens métaphysiques et spirituels qui unissent les hommes au-delà des époques et des géographies. Les œuvres de Ouattara Watts opèrent alors comme des espaces de projection. Elles sont chargées d’un sens non explicite qu’il convient peu à peu de découvrir pour donner forme à un récit visuel où s’articulent diverses appréhensions des contextes socio-historiques (Tirailleurs Sénégalais, 2022) et la sensibilité multiculturelle fondatrice de la pratique de l’artiste. À Dakar alors, l’universalisme de la peinture de Ouattara Watts résonne plus jamais : les macrocosmes mystiques de l’artiste entrent en dialogue avec les microcosmes concrets de la ville et nous donnent à rêver un monde fluide et débordant d’une poésie vibrante.