La peinture de Kassou Seydou est une écriture au monde. Chaque toile est un récit mystérieux, la représentation d'un monde idéal dont l'artiste à la vision. Chaque peinture est une allégorie où cohabitent des séries de symboles empruntés à diverses cultures, temporalités et géographies. Mis ensemble, ces symboles se complètent et constituent les éléments structurels de la grammaire de l'artiste. Telles les fondations de cette langue visuelle, des lignes graphiques tapissent le fond des peintures. Leurs motifs curvilignes déclinés à l'infini sont les marques de la transe créative qui les a vu naître. Ils nous entraînent aux frontières de l'hypnose.
Kassou Seydou conçoit ainsi chaque œuvre comme un macrocosme idéal : il place l'harmonie entre les hommes et la nature au cœur d'une société apaisée. Les couleurs, souvent vives, parfois terrestres, s'assemblent dans des combinaisons pleines de sens. Les personnages qui habitent ses toiles sont autant les clés d'interprétation que les porteurs de cette vision du monde. Géants généreux, ils sont représentés travaillant à leur tâche, agriculteurs, marchands ou ferronniers, ou dans leur environnement quotidien que l'artiste figure de façon quasi-abstraite et qu'il nous invite à déchiffrer et interpréter à la lumière de problématiques contemporaines telles que l'épuisement des ressources ou l'accroissement des inégalités structurelles.
La représentation de figures humaines dans un ensemble hautement symboliste incarne la volonté de l'artiste de replacer les rapports humains au cœur d'une société plus juste. Les tensions et altérations visibles chez ses personnages évoquent une critique tacite de la société. Les attributs, emblèmes et autres fétiches révèlent quant à eux l'importance qu'accorde l'artiste à la tradition et à la culture dans l'équilibre du monde.
Image : Les bras croisés, 2018