Commissariat de Florian Gaité. Avec Louisa Babari, Adel Bentounsi, Walid Bouchouchi, Fatima Chafaa, Dalila Dalléas Bouzar, Mounir Gouri, Fatima Idiri, Sabrina Idiri Chemloul, Amina Menia et Sadek Rahim.
Après une année marquée par la distance, et entravée par l’impossibilité de se déplacer, l’exposition Quelque part entre le silence et les parlers ravive le souvenir d’un voyage en Algérie, un pays dont elle cherche à faire entendre les voix et apprécier le silence. Elle est une oreille tendue par-delà la Méditerranée, l’occasion d’une lecture, d’une écoute, d’un partage avec ce pays aussi familier que méconnu, dont la complexité (sociale, politique, historique) est à la mesure de la diversité culturelle qui s’y exprime. L’histoire de ce pays pluriel se traduit en effet dans le foisonnement des idiomes qu’on y parle (issus de langues berbères, arabes et européennes) qui fait de la question linguistique un enjeu artistique de premier plan. Quelque part entre le silence et les parlers réunit ainsi des artistes qui y sont nés, y vivent ou y travaillent, en prise directe avec ce noeud langagier, et traite la façon dont il influence si profondément leurs imaginaires. Elle place au centre de son projet un territoire-mosaïque ici saisi au prisme des mots, des voix, des paroles, des écritures qui le constituent, qu’ils soient explicites, tacites ou même muets. Le corpus d’oeuvres entend mettre en lumière le potentiel plastique, poétique et politique d’un rapport ambivalent à l’expression, où la générosité en paroles le dispute à la retenue du discours.