Faire Famille @ Le Nouveau Printemps par Kiddy Smile : Binta Diaw, Marie-Claire Messouma Manlanbien, Roméo Mivekannin

23 Mai - 22 Juin 2025 
Faire Famille au Musée Saint-Raymond

23 mai au 22 juin

Commissariat : Yandé Diouf

L’exposition Faire famille puise son inspiration dans le parcours de Kiddy Smile, un chemin d’émancipation qui célèbre la liberté d’être au sein d’un foyer électif. Figure incontournable du voguing et de la culture des ballrooms, Kiddy Smile est l’enfant de ces soirées, refuges pour la communauté LGBTQI+ où chacun.e peut enfin s’affirmer et honorer ses identités plurielles sans crainte de violence. Dans ces événements tant artistiques que politiques, les Maisons, des familles choisies ou créées par nécessité, s’affrontent dans des performances et autres défilés. Dirigées par des « mères », qui guident et soutiennent leurs « enfants », ces Maisons combinent solidarité du collectif et expression individuelle.


L’exposition ne retrace pas l’histoire des ballrooms, mais invoque la puissance de ralliement des Maisons – qui donnent à l’individu·e la force du collectif lui permettant de se monter et de refuser l’ombre à laquelle on l’avait assigné·e - pour nous interroger sur la notion du faire famille. Comment des trajectoires personnelles peuvent-elles converger pour créer un collectif ?


Les œuvres réunies dans Faire famille donnent voix aux récits issus de ce que la norme qualifie de périphéries ou de marges — ces espaces souvent invisibilisés, ignorés ou redoutés, car susceptibles d’ébranler les certitudes ou les privilèges. Pourtant, ces récits sont essentiels : ils constituent une part fondamentale du monde, sans eux, sans ces marges, il serait fatalement fragmentaire et inachevé.


Les artistes choisi.es pour l’exposition explorent et révèlent des liens anciens ou inédits, parfois oubliés, qui relient les individu·e·s à des territoires, à des histoires, à l’Histoire. Ils et elles viennent bouleverser nos repères pour tracer de nouvelles cartographies des identités, des relations, nous invitant à repenser nos individualités dans un cadre commun.


Ainsi, Brandon Gercara comble, par la fiction, les silences de l’histoire kwir (la pensée queer depuis une perspective créole réunionnaise) pour imaginer des récits d’émancipation. Angelica Mesiti explore la performance et la musique comme moteurs du collectif, tandis que Roméo Mivekannin, à travers ses auto-représentations dans l’iconographie occidentale, subvertit les imaginaires imposés aux corps noirs. Ensemble, ces œuvres redéfinissent les corps, les matières, les récits et les sonorités pour ouvrir de nouvelles perspectives aux notions de communauté et d’appartenance, au croisement d’héritages multiples.


L’exposition est une Maison, un espace de réflexion partagée sur nos places et trajectoires, pour imaginer ensemble des stratégies collectives capables de transformer les oppressions et les dénis en forces créatrices et vitales pour faire famille ensemble.


Yandé Diouf

Avec 

Malala Andrialavidrazana
Raphaël Barontini
Binta Diaw
Alice Diop, Penda Diouf et Verena Paravel
Brandon Gercara
Laura Henno
Mariana Kostandini 
Angelica Mesiti
Marie-Claire Messouma Malambien 
Roméo Mivekannin


C’est par la mise en relation de différentes formes d’altérités que les œuvres présentées ici font émerger des communs possibles. Dans Jeanne Julie Louise Le Brun looking in a mirror, after Élisabeth Louise Vigée Le Brun, le miroir évoque la « double conscience » de W.E.B. Du Bois : entre regard sur soi et regard imposé. L’intégration du visage de l’artiste Roméo Mivekannin met en lumière l’effacement des corps noirs féminins dans l’histoire de l’art occidental.

A contrario, Astro Venus et Black Venus de Raphaël Barontini glorifient la beauté et la puissance ancestrale de personnalités noires. Son Black Spartacus réunit Spartacus et Toussaint Louverture, deux symboles historiquement et géographiquement très éloignés, mais liés par la lutte contre l’esclavage.

Binta Diaw convoque elle aussi l’histoire de la traite, par le motif de la mangrove, refuge pour les personnes esclavisées en fuite, avec Naître au monde, c’est concevoir (vivre) enfin le monde comme relation #8s. Cette installation dessine une cartographie de résistance dont les routes sont matérialisées par des cheveux tressés par des femmes.

Marie-Claire Messouma Malambien s’intéresse également à la transmission matrilinéaire, en s’attachant aux rites de passage, à la symbolique du corps en lien au vivant, prolongeant la réflexion sur la relation entre humain et nature.

Avec Mother Tongue, Angelica Mesiti compose une partition commune, par des chants, musiques et danses issus de différentes communautés vivant au sein d’un même quartier.


Chaque geste, chaque son devient un fragment d’identité, et leur assemblage une œuvre commune.