Sur proposition de Delphine Calmettes, commissaire de l’exposition et grâce au concours de la galerie Cécile Fakhoury, les œuvres des artistes français et sénégalais Vincent Michéa et Cheikh Ndiaye sont présentées à la Fondation Blachère du 27 octobre 2016 au 30 janvier 2017.
Mis à l’honneur lors de l’exposition « Qu’il est loin mon pays », les deux artistes nous font partager les liens qu’ils entretiennent avec le Sénégal à travers des œuvres produites à la Somone lors de résidences organisées par la Fondation.
Pays d’adoption pour l’un et terre d’origine pour l’autre, ils ont en commun, outre l’amitié, la volonté de témoigner leur sentiment d’appartenance à travers le prisme de la peinture et de la photographie. Fatou Diome a écrit que « Le sentiment d’appartenance est un sentiment intime qui va de soi ; l’imposer à quelqu’un, c’est nier son aptitude à se définir librement. » Le ventre de l’Atlantique (2003)
L’exposition pourrait soupirer le voyageur soudain prit d’un vertige de nostalgie le suspendant en pleine quête effrénée et insatiable de l’ailleurs. Pourtant, que signifie cet éloignement à l’ère du « Village planétaire » (Marshall McLuhan, Understanding the Media, 1964) que nous habitons tous, que nous soyons des terriens urbains ou des terriens ruraux? Le lointain et le proche ne se sont jamais autant côtoyés que par la mise en simultanéité possible grâce au maillage dense et tentaculaire des moyens de communication et de transport.
Les portraits de Vincent Michéa et les paysages de Cheikh Ndiaye rapportent les visages, recréent les regards de leurs rencontres ainsi que la configuration des villes du Sénégal par des approches de transcription du réel différentes, mais complémentaires.
Par une facture tantôt pop, tantôt réaliste, leurs œuvres soulèvent des questions quant à la représentation d’une intense proximité et d’un lointain fantasmé à l’épreuve de la perception émoussée du quotidien et de la construction dont procède toute culture.