La Galerie Cécile Fakhoury a le plaisir de vous présenter la projection des films La Piscine de François-Xavier Gbré et Une Eclaircie de Yo-Yo Gonthier jusqu'au 17 novembre 2018
Du 8 au 11 novembre 2018, à l’occasion de Paris Photo, foire internationale dédiée à la photographie, la Galerie Cécile Fakhoury présente La Cour, une installation photographique collaborative et évolutive conçue par François- Xavier Gbré et Yo-Yo Gonthier. La photographie comme terrain de rencontres, champs d’une réflexion commune et itinérante que les deux artistes ont entreprise lors des dernières Rencontres de la Photographie de Bamako au Mali en 2017 et qu’ils prolongent sur les cimaises du Grand Palais.
À Dakar, en écho à l’installation photographique, c’est aux œuvres vidéographiques – recherches personnelles des artistes – que nous consacrons notre programmation. D’un côté, La Piscine, 2009 de François-Xavier Gbré (n. 1978, Lille, France. Vit et travaille à Abidjan, Côte d’Ivoire), dont le titre renvoie à la piscine olympique du Stade Modibo Keita au Mali, témoin architectural de la succession des temps de l’Histoire. De l’autre, Une Éclaircie, 2013 de Yo-Yo Gonthier (n.1974 à Niamey, Niger. Vit et travaille à Paris, France), vision onirique et réflexion lumineuse sur la fugacité des impressions et notre capacité à en tirer des imaginaires éclairant notre rapport au monde. Deux thèmes distincts qui pourtant ne cessent de dialoguer.
Futur(s) antérieur(s)
Dans chacune des œuvres, l’appréhension du temps – temps de l’Histoire, temps du récit, temps de l’image- repose sur une structure complexe et nivelée. L’image, qu’elle figure (François-Xavier Gbré) ou qu’elle suggère (Yo-Yo Gonthier) met à mal la linéarité classique de la narration.
Chez François-Xavier Gbré, le récit se fait au présent et raconte le passé d’un futur. Les membres d’une famille commentent les photographies prises par l’artiste de la piscine délabrée. Au moment où ils parlent (comme au moment où nous regardons la vidéo d’ailleurs), la piscine a été réhabilitée. Ce futur devenu présent et déjà presque passé n’est figuré que par une seule image, tandis que les images d’avant se succèdent, silencieuses, vibrantes des regards chargés de souvenirs déjà posés sur elles. Peut-être en réalité nous en disent-elles plus sur aujourd’hui que l’image contemporaine. L’acte de se souvenir tout haut de ce qui est enfoui dans la mémoire achève de nous renvoyer en tant que spectateur, à la responsabilité de se projeter dans l’Histoire pour tenter d’en appréhender la marche.
Chez Yo-Yo Gonthier, le récit au présent raconte, lui, le futur d’un passé: l’éclaircie a eu lieu, jaillissement de blanc dans le noir, moment fugace qui n’advient que pour se conclure. Son souvenir s’étirera en un rêve aux mille interprétations; un rêve fondé sur l’expérience partagée d’une communauté contemporaine réelle qui s’est rassemblée, se rassemble et se rassemblera au l des apparitions de Nuage, la sculpture de soie qu’à créée l’artiste en 2013 et qui le suit de films en performances. Un rêve, inquiétant parfois, d’où jaillira aussi la figure funambule d’une exploratrice, protagoniste au même titre que le Nuage, d’un récit où tout est possible et qu’il reste encore à imaginer, puisant dans la matière dense et granuleuse de l’image en Super 8.
Chez Yo-Yo Gonthier comme chez François-Xavier Gbré, la multitude de temporalités, rêvées, vécues – séquences assemblées d’expériences ou moments chronologiques dans l’Histoire – se déploient comme autant de questions ouvertes sur les modalités de notre être au monde, des liens qui nous lie à lui et de notre place dans l’Histoire – celle qui nous est échue, celle que l’on se choisira.