Le Blabla-Hippodrome, en collaboration avec la Galerie Cécile Fakhoury, présente l’exposition « à découvert » dans le cadre du OFF des Rencontres de Bamako, 10e édition de la Biennale africaine de la photographie, Mali, du 31 octobre au 31 décembre 2015.
Les Jardins du Blabla sont empreints d’une présence particulière ; ces personnages, ces membres, ces visages habitent le lieu. « Autoritaires et inflexibles, même les statues à l’état de construction forcent l’attention et le respect », écrit Brendan Wattenberg* à propos de la série Mali Militari de François-Xavier Gbré. L’installation Pieds de bois de Yo-Yo Gonthier nous parle de la naissance, des prémices d’un monde. « La société des arbres était née et cela bien avant notre apparition sur cette terre**. » Entrent en dialogue un monde végétal et humain. Ce rapport à l’homme et à la nature dans sa force intuitive et sa friabilité se meut dans les différents espaces du Blabla. Beyrouth et les Jardins évoluent entre construction et déconstruction, où la nature et les éléments ont leur rôle à jouer.
L’engagement qui domine le projet de la galerie Cécile Fakhoury est résolument tourné vers l’échange et les mouvements géographiques. A l’intérieur, dans son espace ou hors du territoire ivoirien, dans la logique de lier, de construire des propositions artistiques à travers d’autres, avec d’autres. Il se concrétise aujourd’hui par cette proposition commune avec le Blabla pour le OFF de la 10e édition des Rencontres de Bamako. La Biennale Africaine de la Photographie participe activement à cette circulation. En véritable point de rencontres, à travers des plates-formes dans lesquelles les artistes, leurs œuvres et le public prennent part et s’engagent. Comme ici au Blabla, sous la forme d’installations in situ, où l’image fait corps avec les murs, l’environnement, créant une proximité et une surprise invitant au dialogue.
Pour présenter Pieds de bois, la série de photographies argentiques réalisée entre 2000 et 2005 sur l’île de la Réunion, Yo-Yo Gonthier conçoit un espace entièrement revêtu d’arbres, de morceaux d’une forêt opaque ou brumeuse, vide, claire et dense. Le travail en grand format et sur papier léger, traduit la liberté de l’artiste à traiter l’image photographique comme un outil plastique.
Mali Militari de François-Xavier Gbré est un corpus photographique de l’évolution de la cité Bamako, entre 2011 et 2013. Il interroge les mutations de l’environnement urbain, la symbolique du monument, le sens de sa présence et l’attachement visuel qu’il procure à ses habitants. Ici les stèles sont déplacées, elles se retrouvent rue du blabla, dans un jardin précaire, loin de leur majestueuse Avenue des Armées, à Sotuba.
La photographie permet de jouer la doublure de la réalité, ici sans cadre elle se fait nature urbaine, paysage dans le paysage, réalité miroir ou surimprimée. Ces deux propositions liées s’ouvrent sur des passages, des mythes de ville ou de terre, un écran vers des possibles.
* Catalogue The Past is a Foreign Country, p. 14, Brendan Wattenberg commissaire de l’exposition, Cantor Fitzgerald Gallery, Haverford College, USA, 2015
** Yo-Yo Gonthier, texte de la série Pieds de bois, Île de La Réunion, 2000-2005, photographies, héliogravures