Dayêguê: Sadikou Oukpedjo - Abidjan

DAYÊGUÊ, double exposition, présentée simultanément dans les espaces de la Fondation Donwahi et de la Galerie Cécile Fakhoury à Abidjan, est une première à plusieurs titres.

En résonance avec le 1er Prix décerné à l'artiste lors de la Biennale de la Sculpture de Ouagadougou (BISO 2023), cette exposition inaugure une collaboration inédite entre deux institutions majeures de la scène artistique africaine, au service d'un artiste incontournable.

Elle marque aussi un tournant dans l'œuvre de Sadikou Oukpedjo: un geste introspectif, radical, où la matière devient exutoire d'une mémoire intime, longtemps tue; une étape décisive dans le parcours de l'artiste qui, à travers dessins, peintures et sculptures, livre une œuvre profondément personnelle, en prise directe avec son histoire intime et son questionnement sur l'humanité.

 

Dayêguê Oukpedjo
Il arrive qu'un nom donné à la naissance, devienne fardeau. DAYÊGUÊ : « tout est bon » disait le père, en langue Tchamba.

Nom aux allures de bénédiction, rejeté par l'artiste car chargé d'une ambiguïté douloureuse.

Il devient ici le fil conducteur d'un récit de résilience et de transformation. Portée par une approche plastique puissante et libre, l'exposition révèle les multiples dimensions d'une œuvre qui transcende les formes pour atteindre l'universel.

 

De la blessure naît, la création. DAYÊGUÊ est une traversée intime, un retour à la source, une tentative d'éclatement du masque.

Ici, les formes ne cherchent pas à apaiser. Elles disent la tension intérieure, le vertige identitaire, la quête d'une vérité plus vaste. Chaque œuvre est une balafre, une prière, un cri contenu. Mais aussi un acte de réappropriation : en façonnant, en dessinant, en peignant, Sadikou devient maître du récit.

 

À la fois retour à soi et ouverture au monde. DAYÊGUÊ nous invite à regarder en face ce que l'on préfère souvent taire. Et à comprendre, peut-être, que l'art commence là où le langage échoue.

 

Illa G. Donwahi
 Abidjan le 8 avril 2025