Dayêguê

Quand le « dit » dit le « non dit »

 

Dayêguê, tout est bon. L’ironie primordiale. Justement, ce que l’on dit quand tout n’est pas bon. Dayêguê, tout est bon. Ce que dit un père quand il ne veut pas dire d’impair.

Dayêguê, tout est bon. Mi-sarcasme, mi-résignation, ou sarcasme de la résignation.

Dayêguê, tout est bon. On fera avec l’enfant... Quand le « dit » dit le « non-dit ».

 

Chaque être est une phrase dite par d’autres et avalée, ingérée au plus profond de soi.

La digérer est une histoire de corps. S’en nourrir est une histoire de tête.

 

Alors partir, échapper à l’affectation. Partir, pas fuir. S’évader de l’enfermement des mots, se soustraire du scellé du sort. Partir, pas fuir.

De Lomé à Abidjan en passant par Bamako ? Oui, la ligne droite n’est pas toujours le chemin le plus court lorsque la vie est le seul maître, lorsqu’on a le destin pour seul professeur, de l’aphasie pour chevalet, de la dyslexie pour pinceaux, de l’agraphie pour stylo, de la gnosie pour burin.

 

Ce qui force renforce. Et paradoxalement, il n’en sort aucun trait forcé.

Ce qui est dur endurcit. Et paradoxalement, il n’en sort aucune ligne figée.

Ce qui déforme forme. Et paradoxalement, c’est dans l’éther des paréidolies que se puisent les formes.

 

De têtes, il ne s’agit point.

D’entêté, il s’agit.

Ou comment traverser la vie quand on vous martèle que vous n’avez pas de tête.

 

De corps, il ne s’agit point.

D’incorporé, il s’agit.

Ou comment utiliser le seul bagage que l’on possède pour redresser les chemins tordus promis dès le premier cri.

 

Comment faire ployer le second degré à rebours, lui rendre son sens premier, replier le « non dit » du traumatique, et le déplier en « dit » du ravissement, plier l’assignation en signature : « Dayêguê, je suis Sadikou, tout es bon ! »

 

Gauz