Faire de la rue un salon d'extérieur: Cheikh Ndiaye

15 Janvier - 12 Mars 2016 ABIDJAN

L’univers de Cheikh Ndiaye se fait l’écho constant de l’origine de ses recherches, la rue. Faire de la rue un salon d’extérieur circonscrit dans l’espace de la galerie, son travail de peinture, ses dispositifs, ses réflexions et installations. Le parcours de l’exposition tient de l’expérience individuelle et collective. Comme une marche dans la ville où l’on se sent en communion avec la foule et au plus profond de soi, un être solitaire.

 

L’espace intérieur auquel nous accédons, a des murs identiques à la façade du bâtiment. Sa peau est la même, elle s’est propagée, elle s’est étirée pour revêtir et lier le tout. L’ensemble architectural confond les repères, il n’y a plus de rupture entre le dedans et le dehors. Cette zone couverte dans laquelle nous entrons est étrangement habitée par des objets hybrides, des composites, des fragments de structures. Les éléments dysfonctionnent, leur mécanique est mise à l’arrêt, tout en suggérant leur fonction antérieure. Ils se relient sous des entités formelles qui font sens commun, au fur et à mesure que nous approchons de cet archipel. Les îles qui le composent sont autant de balises nous menant à déchiffrer les énigmes qu’elles sous-tendent.

 

Les tableaux présents donnent à voir des paysages, la rue, des immeubles. Les vues peintes créent des ouvertures et semblent traverser le mur opaque, dense et imposant, fait de béton brut. La déambulation dans cette grande pièce est lente, le pas exécute un mouvement exploratoire, nous guidant vers un territoire nouveau. Les pièces, les compositions inventées faites d’assemblages, sont connectées entre elle par une ligne qui recompose un horizon.

 

Les objets du quotidien nous renvoient à un réel tangible et établi. Pourtant, les dispositifs paraissent se balancer de sphères hétérogènes vers des espaces lointains et des temps en décalage. L’ordre des choses à travers des formes visibles ou dissimulées se réinvente continuellement jusqu’à ses marges.

 

L’unité du travail de Cheikh Ndiaye tient de sa classification. Les objets questionnent: le livre peut servir sans être lu, servir à maintenir une forme ou devenir matière de construction. Une lumière artificielle de néons assemblés en une seule source reste ainsi allumée en plein jour et éclaire de l’intérieur une bâche épaisse percée. La roue d’une voiture peut se mettre à tourner une seule fois pour déposer son motif peint. A l’arrivée, l’empreinte. Des portes entrebâillées et rattachées les unes aux autres, sans cadre, ne sont plus ouvertes, ni fermées, elles s’articulent en enchaînement scénique.

 

Cheikh Ndiaye matérialise dans cette exposition, l’idée de la porosité des substances, dans des rapports d’altérité. Il l’imbrique, dans ses pièces avec la notion d’effritement, comme mouvement de résistance à l’oubli.