Hosties noires. Derrière l’énigmatique expression, un titre emprunté au recueil de poèmes éponyme écrit par Léopold Sédar Senghor en 1948, la nouvelle exposition personnelle de Roméo Mivekannin se déploie comme un chant choral de voix étranges et fascinantes.
Pendant la Première Guerre mondiale, des soldats noirs de la force coloniale française en Afrique, désignés sous le terme de tirailleurs sénégalais ont été mobilisés dans l’effort de guerre. En réalité, ce contingent était composé de soldats maliens, sénégalais, burkinabés et d’Afrique française équatoriale, Tchad et Gabon. Certains de ces soldats, particulièrement ceux postés en Afrique du Nord, étaient autorisés à s’établir avec femmes et enfants, non sans provoquer certaines tensions chez leurs camarades français, stationnés eux loin de leurs familles.
C’est dans ce contexte qu’apparurent les images qui inspirent Roméo Mivekannin pour les peintures d’Hosties noires. L’artiste plonge dans les archétypes de l’imagerie coloniale et s’intéresse notamment aux cartes postales que les soldats français envoyaient à leur famille en métropole et qui représentaient des femmes de tirailleurs dans les tâches de la vie quotidienne. Entre fantasme d’exotisme, idéologie coloniale et fascination pour l’Autre, ces images témoignent du rapport ambigu entre la métropole et ses colonies.