Pour sa première exposition personnelle à la galerie Cécile Fakhoury à Abidjan, Marie-Claire Messouma Manlanbien raconte des histoires, la sienne et celle du vivant, au travers d’œuvres polymorphes, tantôt cartographies ou totems, cheminements contemporains d’une ancestralité mystique et mythologique.
Dans la série d’œuvres inédites présentées à Abidjan, Marie-Claire Messouma Manlanbien s’ancre dans les techniques de tissage artisanales et traditionnelles, à base de fibres naturelles à l’image des pagnes kita de soie et de coton. Teintées et brodées, ses œuvres transportent un savoir et une force symbolisée par les éléments qui les composent : coquillages, écailles, dessins sur papiers.
Marie-Claire Messouma Manlanbien se présente non plus uniquement comme une conteuse de poème, exploratrice de matières et de signes, mais comme une véritable guérisseuse, par les plantes et les pierres, ses œuvres représentant son pouvoir de prendre soin des autres, de ses proches, d’ailleurs présents dans ses sculptures tissées et murales, de manière figurative. Cette démarche de soin lui a été léguée par son ascendance ivoirienne, guadeloupéenne et amérindienne, où le rapport au soin passe également par le vivant et l’organique.
Au milieu de symboles familiers, issus de la mythologie Akan, comme le crocodile siamois symbole d’égalité entre les êtres, l’artiste introduit de nouvelles formes, et plonge plus profondément dans une imagerie évocatrice d’un corps féminin en symbiose avec la nature et l’équilibre cosmique. Les œuvres de l’artiste font notamment référence à des mythologies africaines comme celle de Mami Watta (ou Maman de l’eau en Guadeloupe), au travers d’éléments des mondes marins, comme des trésors organiques chargés de délivrer leurs pouvoirs et mystères.