Le travail d'Aboudia représente la vitalité, l'énergie sans fard d'une jeunesse qui s'en sort, qui se débrouille et esquisse un sourire à faire peur parfois, mais un sourire plein qui exalte toute son expérience. En marge, c'est une génération qui s'étire et prend une forme nouvelle, se restructure et dévoile une force plus claire. En chaque œuvre grouille une horde de vies, un courant d'air et de bruit, des silhouettes cherchant leur place dans des espaces inlassablement trop étroits.
On ressent dans les toiles d'Aboudia la présence des Ziguéhis d'hier jusqu'à la naissance et l'affirmation du Nouchi. Des frottements de mots, des sons remixés et des rêves d'ailleurs brandis en signes identitaires, résistant aux épreuves du quotidien précaire.
Sa ligne contient l'effervescence d'un territoire en éclosion, objet de palabres et de revendications. Abidjan est en pleine ascension, ville des transformations, sortie de crise, devenue attractive, cité des possibles. Aboudia guette, il observe et s'immerge dans sa métropole, il fait corps avec son mouvement, ses changements.
Il y a du mort-vivant, du zombie plus éveillé que jamais qui s'éclaire dans ses tableaux. Un thriller sortit d'Afrique de l'ouest côtière, entre le béton et le sable, Aboudia crée un bal poussière fantastique.
Image : Red Traffic, 2019