L’exposition Ce que la main retient rassemble dans l’espace parisien de la Galerie Cécile Fakhoury, une conversation entre les œuvres des artistes Cheikh Ndiaye, François-Xavier Gbré et Roméo Mivekannin. 
 
Dans l’exposition, les supports respectifs de ces trois artistes (peinture à l’huile, tirage pigmentaire, élixir sur toile libre), deviennent complémentaires tant leur recherche est faite d’aller-retours entre passé et présent.
 
Avec une méthode et une méticulosité qui frise parfois l’obsession, chacun cherche à sa manière, l’archive et l’architecture ayant en partage le mouvement qui cherche à rendre tangible un état en constante évolution temporelle et conceptuelle. Les deux disciplines, qui traversent le travail de ces artistes, lient le possible au réel, le chaos à l’organisation, la présence à l’absence. Elles irriguent leurs recherches qui se rejoignent dans un geste commun : celui de garder une trace, dans des géographies connectées entre elles telles que le Sénégal, Bénin, Côte d’Ivoire ou le Maroc.
 
Le parcours d’exposition opère ainsi un glissement progressif de l’abstraction à la précision, comme une mise au point. Des œuvres d’ abstraction sociale de Roméo Mivekannin, intemporelles, on chemine vers l’image à la précision documentaire de François-Xavier Gbré, pour rejoindre la peinture de Cheikh Ndiaye et continuer de nouveau de la forme à l’effacement dans un cycle de lutte entre mémoire et oubli.
 

Roméo Mivekannin (1986, Bouaké, Côte d’Ivoire) s’attache à matérialiser l’invisible : les mécanismes de l’ordre social, les structures de pouvoir et les systèmes d’exclusion, faisant de l’abstraction un véritable langage critique. Son travail se manifeste à travers la peinture sur toile brute. Tel un rite initiatique, l’artiste immerge les tissus qui formeront le fond de ses œuvres dans des solutions rituelles, des bains d’élixir, interrogeant ainsi les liens entre l’histoire et le monde contemporain.

 

François-Xavier Gbré (1978, Lille, France) développe une sensibilité engagée dans l’observation de l’état du monde. Ses photographies révèlent un passage, une trace. L’objet inattendu, le détail porteur d’histoire, y est toujours présent. Dans le chaos des espaces urbains, il soulève des questions sur les dynamiques sociales, les récits historiques et les réalités locales qui trouvent un écho universel.

 

Cheikh Ndiaye (1970, Dakar, Sénégal) est une figure reconnue sur la scène africaine et internationale, vivant entre Prague, Dakar et Paris. Ses peintures et installations racontent l’histoire sociale et culturelle des villes ouest-africaines, proposant une interprétation visuelle de l’anthropologie et de l’architecture. Ici, Cheikh Ndiaye présente des peintures à l’huile dont le temps de séchage dépend de l’humidité ambiante. Par son médium, il tisse un lien entre le temps de l’œuvre et l’espace dans lequel elle prend forme.