Group Show: Exposition Collective

4 - 31 Juillet 2014 ABIDJAN

Le collectif dans l’art.
Réunir des œuvres et contenir des projets d’artiste dans l’espace de la galerie c’est entrer dans la dynamique de création et penser les moyens de diffusion dans une logique de dialogue. Cette programmation liant des territoires de recherches plastiques différents se situe au carrefour des problématiques engagées par les artistes que la galerie a choisi de défendre.
L’aventure dakaroise, première exposition collective de la galerie, dans le Off de la Biennale Dak’Art vient de s’achever. Cette expérience commune, hors les murs, a tissé une relation de travail de proximité entre les artistes. Tout s’est lié, là bas comme dans un atelier partagé où chacun s’affirme personnellement tout en observant ce qui l’entoure. Le mouvement et les énergies convergent et se mettent en valeur les unes les autres.
Le format d’exposition de groupe amène à une pensée orientée vers les identités, les rencontres.
Le group show qui se tient ici, rappelle certains temps forts de la vie de la galerie ouverte il y a deux ans à peine. Une boîte à souvenirs et à idées marquée par le désir d’échanges et d’invitations.

 

Focus sur des œuvres voyageuses.
Les pièces du sculpteur ivoirien, Jems Koko Bi, ont été présentées à la biennale de Venise l’an passé au pavillon de la Côte d’Ivoire, revenues au pays, ces embarcations nous transportent encore une fois vers des horizons historiques tout en appelant le présent le plus direct.
La galerie, en octobre 2013, présentait lors de sa première participation à une foire internationale d’art contemporain 1 :54 à Londres, l’œuvre ‘’Daily Walkers’’ : une pirogue à même le sol, portant des bouts de jambes en bois calcinés. Traite des nègres, marchandisation humaine, Jems Koko Bi invente des ponts géographiques et temporels, statuant dans le bois, avec force et liberté, sa parole engagée, toutes ses convictions.

En février dernier, la Galerie Polaris offrait une carte blanche à la galerie pour une journée de projection vidéo à Paris. A cette occasion le film ‘’Gariibu’’ de Saïdou Dicko a été montré. Un témoignage sur les enfants mendiants, prolongement de sa série de photographies sur les ombres où il dévoile avec délicatesse des silhouettes furtives ou posées. Ce même film fait partie intégrante de son installation dans cette exposition mêlant vidéo et photographies, un dispositif in situ, un écran satellitaire composé de 42 images.

 

Les témoignages de l’espace et du temps.
Les intentions artistiques se font échos, dans des formes hétérogènes et singulières.

La proposition de François-Xavier Gbré révèle ses recherches commencées en 2009 sur la piscine de Bamako (Mali). Un panorama visuel allant du macro format en trompe l’œil à la photo de famille au format polaroid d’époque et une fenêtre de 6 minutes ouverte sur un film photographique mêlant archives, interview et œuvres. François-Xavier accroche son sujet et le modèle par touches subtiles de réalités contrastées.

Cheikh Ndiaye restaure sur sa toile les cinémas perdus de Dakar et d’Abidjan, en décrépitude, en prise avec l’oubli. Il étudie son sujet, le dissèque. Cette analyse méthodique donne une version quasi anatomique, conforme et réaliste. Dans cette rigueur visuelle, des touches intuitives, des fausses perfections apparaissent, laissant la fragilité de l’homme, l’écaillure du bâti et la gestuelle de la rue nous émouvoir. La distance est rompue.

Les affiches de Virginia Ryan, mémoire d’un temps où la mondialisation passait par des histoires standardisées, reflètent son engagement à bousculer les codes. ‘’L’histoire sans fin’’ est une série d’œuvres réalisées à partir d’archives d’affiches de cinéma découvertes à Bassam, façonnées de manière a témoigner d’un temps révolu mais porteuses de nouveaux messages, Virginia Ryan livre ici une nouvelle lecture des grands classiques.

Retour dans le temps, saut dans un univers aux multiples facettes. Les figures du passé de Vincent Michéa habitent l’espace, s’habillent de points vibrants. Un mur, quatre toiles et trois photomontages aux bleus d’encre. Autant de styles que Michéa s’approprie, maitrise, avec finesse dans le choix des interprétations.

Aboudia, dans l’énergie et le ton urbain compose une galerie de portraits. Ces dix-huit visages peints à l’acrylique sur toile renvoient au dessin, au graffiti, au groupe, vision d’un trombinoscope d’une jeunesse cosmopolite.

Quatre photocollages de Nestor Da, fenêtres sur sa dernière série réalisée entre le Ghana, la Côte d’Ivoire et la France. Les distorsions de son environnement dans ce qu’il a de plus brut s’associent à la poésie de sa peinture et de ses compositions qui renouvellent notre regard.

L’œuvre de Paul Sika un point de lumière, point de départ du parcours ou points de suspension, concentré d’une vitalité de création, d’une culture africaine globalisée raconte une histoire fictionnelle, dans une scène à la frontière du tableau, de la photographie et du cinéma.

 

Nouveaux explorateurs.
Il y a dans ce group show une dimension d’exploration des espaces et des réalités différentes, qui nous emmènent au Mali, au Sénégal, au Burkina et nous renvoient ici en Cote d’Ivoire. On parcourt l’exposition comme on pourrait arpenter différents lieux. Parenthèse, mélange d’instants de poésie, frénésie colorée, paysage posés ou animation urbaine. Les artistes sont les observateurs de ce monde, ils reflètent la diversité et nous permettent de voir ce qui nous échappe.

 

Abidjan, Juillet 2014