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Dakar, Sénégal
Vue de l'exposition L'Esprit du large, chapitre I 27.06.2019 - 14.09.2019 -
Abidjan, Côte d'Ivoire
L'Esprit du large, chapitre II 27.09.2019 - 30.11.2019
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L'exposition est une invitation à voir au loin, à décloisonner les regards et les savoirs; une invitation à la croisée des chemins. Ici, les œuvres se rencontrent sans ordre impose, elles dialoguent et se répondent au gré des imaginaires des artistes.
Comme "l'air du large", L’Esprit est ici une force vive qui nous tire vers un ailleurs autant qu’il amène cet ailleurs à nous pour ouvrir d’autres horizons - spirituels (Ouattara Watts, Dalila Dalléas Bouzar, Jems Koko Bi), imaginaires et utopiques/dystopiques (Yo-Yo Gonthier, Sadikou Oukpedjo), historiques et culturels (Vincent Michéa, François-Xavier Gbré et Dimitri Fagbohoun).
Après le chapitre I, l’exposition collective a voyagé de Dakar à Abidjan, afin de redoubler les résonances esthétiques des œuvres par une conversation entre deux espaces d’exposition, deux publics, deux villes. Pour ce deuxième chapitre, les installations des artistes changent d’échelle et répondent à leur nouveau contexte in situ. Jouant sur le dedans/dehors de la galerie, la hauteur des cimaises et l’ampleur des volumes, les œuvres tissent entre elles des liens poétiques et s’abordent sans ordre imposé pour nous inviter à penser de nouvelles itinérances.
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Aux premières notes de cette symphonie visuelle, les toiles de Vincent Michéa font résonner une fièvre dakaroise pas si lointaine. Les groupes Orchestra Baobab et l'Etoile de Dakar créés dans les années 1970 évoquent l'histoire musicale d'un Sénégal à la croisée des cultures. Depuis plusieurs années, Vincent Michéa peint à l'acrylique des pochettes de vinyle, comme ceux de Fax Clark et de François Lougah. L'artiste a peu à peu constitué une anthologie visuelle des musiques d'Afrique de l'Ouest, consignant à travers l'histoire personnelle de ses rencontres et affections pour ces musiques, celle plus générale d'une culture populaire dont certains pans ont aujourd'hui disparu.
Image : Vincent Michéa, François Lougah, 2015 et Fax Clark, 2015
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Avec Travel through the night, Ouattara Watts nous plonge dans sa fascination pour la couleur noire. Noir comme la nuit, noir comme la moitié de la toile, noir duquel émerge une série de symboles et de signes. Door of the Cosmos #1 et #2, Farafina #2, et Untitled sont des voyages visuels et spirituels.
Chiffres, formes mais aussi textures et tissus composent le langage plastique de l'artiste. Chaque toile est un microcosme dynamique, partition en négatif des cultures qui composent son univers : musique jazz, traditions et rites africains, numération abjad et guématria hébraïque pour ne citer que quelques-unes de ses influences. Dans sa peinture Ouattara Watts explore des liens spirituels qui transcendent géographie et nationalités.
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Les toiles de Dalila Dalléas Bouzar s'imposent à nous avec l'assurance d'une chorégraphie mille fois répétée. Parade rituelle, incantatoire ou guerrière, la puissance du corps féminin est scandée avec force. Les ciels, en proie à leur humeur propre, surplombent chacune de ces silhouettes. Ils semblent être les extensions de ces âmes sorcières-guerrières. Les gestes de leur chorégraphie sont dépositaires d'un savoir ancestral. Interrogeant dans sa pratique les codes de la représentation en peinture, Dalila Dalléas Bouzar n'a de cesse de réintroduire dans ses œuvres les figures dissidentes d'une histoire vernaculaire.
Image : de haut en bas
Série Ciel, 2019 ; série Ma demeure, 2019
En savoir plus sur l'artiste -
Burey Bambata (Les grands nuages) de Yo-Yo Gonthier est une ode collective à rêver. Dans cette vidéo, épopée visuelle tournée à la caméra Super 8, Yo-Yo Gonthier fait se rencontrer les rêveries fantasques d’un artiste comme inventeur génial et la richesse sémantique ancrée dans l’histoire de coutumes vernaculaires qui touchent tant à l’histoire personnelle de l’artiste qu’à celle d’une partie de l’Afrique. Il prend comme protagoniste de la vidéo le Nuage, cette sculpture de tissu de plusieurs mètres réalisée en 2013 et réactivée à plusieurs reprises lors de performances dont on retrouve la préparation dans les photographies de carnets et maquettes.
Avec ses machines nuages, Yo-Yo Gonthier veut nous entrainer ailleurs, nous faire prendre littéralement le large. Dans la démarche de l'artiste, la frontière entre les éléments est souvent fluide : l'animal marin est ici l'inspiration de la machine volante. Les photographies des carnets puis des maquettes laissent deviner la figure d'un artiste inventeur dont la fonction est vitale : imaginer d'autres mondes.
Photographe plasticien, Yo-Yo Gonthier questionne l'effacement de la mémoire dans une société occidentale où la vitesse, le progrès et la technologie semblent être les valeurs essentielles.
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Les lettres arrondies et la douceur de la lumière du néon de Dimitri Fagbohoun pourraient rendre l'objet décoratif si le mot inscrit n'était pas si lourd d'histoire. Le mot « nègre » se tient ici comme une enseigne lumineuse familière, celle d'un commerce à l'ère de la globalisation contemporaine dont les formes adoucies et léchées pourraient séduire, mais dont le fond reste violence. Exorciser le poids de l'histoire en prononçant le mot - nègre - et faire de lui un outil sémantique riche pour panser une identité contemporaine. Dimitri Fagbohoun exprime un rapport à l'histoire dans lequel son écriture dérange les modèles qui la constituent.
Image : (Bounty), 2018
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Jems Koko Bi, Retour, 2018
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Jems Koko Bi, Le lecteur, 2019
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La sculpture sans tête de Jems Koko Bi allongée sur une planche semble plongée dans la lecture d'un ouvrage. Se débarrasser de la tête qui pense, de l'esprit qui rationalise et qui juge. Se débarrasser de la tête et ouvrir son cœur.
Poursuivant une réflexion constitutive du travail de Jems Koko Bi sur les notions d’espace et d’histoire, Retour est la vision d’un exode positif, débarrassée des stéréotypes tragiques souvent associés aux migrations contemporaines. L’œuvre est une procession vers la maison ; aux murs bâtis de nos désirs, de nos espoirs, et de nos mains.
À la fois sculpteur et performeur, Jems Koko Bi mélange des influences avant-gardistes à son histoire résolument africaine. Homme trait d’union entre la tradition et le contemporain, l’Afrique et l’Europe, la Côte d’Ivoire et l’Allemagne, Jems Koko Bi pratique un art de la traversée et établit des passerelles là où les mondes se séparent.
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La série de photographies réalisées par François-Xavier Gbré au Bénin en 2012 célèbre, à travers ses images énigmatiques, la puissance ambiguë que peut prendre un symbole de mémoire. La statue de la Réconciliation à Cotonou au Bénin située sur l'esplanade de la Porte du Non Retour incarne la responsabilité des Etats dans le commerce triangulaire. Deux statues similaires existent à travers le monde, Liverpool au Royaume-Uni et Richmond aux Etats- Unis, traçant ainsi par ces trois lieux une géographie physique et symbolique. Des vestiges coloniaux aux paysages modifiés par l'actualité, François-Xavier Gbré explore des territoires et revisite l'Histoire.
Image : de gauche à droite
La porte du non retour, Cotonou, Bénin, 2012 ; Réconciliation, Cotonou, Bénin, 2012 ; La Statue de la Réconciliation, triptyque, 2012
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Sadikou Oukpedjo puise dans les mythes de diverses cultures pour donner corps et matière à ses figures anthropomorphes – la peinture se fait ici texture. Les toiles Nouvelle mythologie #11 et Untitled sont traversées par l'invisible et sa puissance, par l'inconnu et le caché. Dans En réponse à Courbet, une silhouette massive semble s’éloigner vers un horizon brumeux. Du maître s’affranchir, accepter la part sombre de l’Origine du monde.
Sadikou Oukpedjo s’inscrit dans une démarche qui questionne nos origines profondes répondant ainsi au besoin humain d'accéder à la connaissance de soi au moyen de tentatives multiples et ancestrales : cosmogonie, rites, sorcelleries. L’artiste se fait alors magicien, maître, illusionniste, savant.
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Œuvres disponibles
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Dalila Dalléas Bouzar, Untitled #7, série Ma demeure, 2019
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Dalila Dalléas Bouzar, Untitled #4, série Ma demeure, 2019
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Dalila Dalléas Bouzar, Untitled #2, série Ma demeure, 2019
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Dalila Dalléas Bouzar, Untitled #3, série Ma demeure, 2019
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Dalila Dalléas Bouzar, Untitled #5, série Ma demeure, 2019
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Dalila Dalléas Bouzar, Untitled #8, série Ma demeure, 2019
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Dalila Dalléas Bouzar, Untitled #1, série Ciel , 2019
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Dalila Dalléas Bouzar, Untitled #4, série Ciel, 2019
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Dalila Dalléas Bouzar, Untitled #3, série Ciel, 2019
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Dimitri Fagbohoun, (Bounty), 2018
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François-Xavier Gbré, La Porte du Retour, Cotonou, Bénin, 2012
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François-Xavier Gbré, Réconciliation, Cotonou, Bénin, 2012
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Yo-Yo Gonthier, Maquette du nuage #1, 2013
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Yo-Yo Gonthier, Maquette du nuage #2, 2013
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Yo-Yo Gonthier, Maquette du nuage #3, 2013
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In Situ / L'Esprit du large, chapitres I et II : Exposition collective
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